La santé mentale et le lupus : une perspective mondiale
La santé mentale et le lupus : une perspective mondiale
Un article approfondi de la campagne « Parlons du lupus : une voie vers le progrès » de Lupus Canada.
Pourquoi la santé mentale est importante dans les soins du lupus
Au cours de la dernière décennie, plusieurs études ont souligné l’importance des soins de santé mentale et comment l’absence de traitement peut avoir un impact négatif sur la santé physique et le bien-être général.
Au Canada seulement, une personne sur cinq vit avec une maladie mentale, et 13,3 % des personnes souffrent d’un trouble anxieux général, selon l’Association canadienne pour la santé mentale.
Une mauvaise santé mentale peut affecter la qualité de vie de n’importe qui, mais l’anxiété et la dépression sont particulièrement fréquentes chez les personnes atteintes de lupus. C’est pourquoi des journées comme La Journée mondiale de la santé mentale est très importante pour la communauté du lupus, car elle souligne la nécessité d’éduquer, de sensibiliser et de défendre les droits en matière de santé mentale.
Perspectives du projet Parlons lupus
Lupus Canada a réalisé des entrevues dans le cadre du projet « Parlons du lupus : un parcours vers le progrès », une campagne en trois phases qui met en lumière les perspectives internationales sur les soins du lupus.
Lupus Canada a animé des conversations pour approfondir les soins de santé mentale pour les patients atteints de lupus.
« La santé mentale est un aspect crucial du traitement qui devrait être intégré aux soins médicaux », a déclaré la Dre Andrea Knight, clinicienne-chercheuse à la Division de rhumatologie et scientifique associée en neurosciences et en santé mentale à l’Hôpital pour enfants de Toronto.
« Il est important d’être proactif, surtout parce que les problèmes de santé mentale peuvent faire partie du lupus, et c’est une norme de soins que nous devrions avoir. »
Ce que la recherche montre sur la santé mentale et le lupus
Un article de recherche de 2023 mené par Reumatologia a révélé que la dépression, l’anxiété et le stress sont fréquents chez les patients atteints de lupus, et que la qualité de vie d’un patient est considérablement affectée.
Une autre étude de la British Society of Rheumatology a révélé que l’anxiété et la dépression sont courantes chez les personnes diagnostiquées avec le lupus.
« Il est impératif d’identifier les symptômes d’anxiété et de dépression pour orienter rapidement les patients atteints de LED (lupus) ayant des idées suicidaires vers des psychologues cliniciens ou un conseil psychologique », indique l’étude.
Malgré les préjugés auxquels sont confrontées les personnes atteintes à la fois de lupus et de problèmes de santé mentale, l’éducation et la recherche accrues conduisent à une meilleure intégration des soins de santé mentale dans le traitement du lupus.
« Nous avons travaillé très fort pour que le dépistage de la santé mentale se fasse sentir dans notre clinique de rhumatologie. Le dépistage a vraiment aidé nos patients atteints de lupus en particulier à traiter des problèmes de santé mentale qui auraient pu être négligés autrement.
Perspectives d’experts du monde entier
Dr. Guillermo Ruiz-Irastorza – Espagne
Le Dr Guillermo Ruiz-Irastorza, chercheur et coordinateur du domaine des maladies auto-immunes, inflammatoires et infectieuses de l’Institut de recherche en santé BioCruces en Espagne, a expliqué que la fourniture de ressources en santé mentale aux patients atteints de lupus est essentielle pour le traitement.
« Il y a dix ans, nous avons décidé de proposer à nos patients de faire appel à un psychiatre un jour par semaine », a déclaré le Dr Ruiz-Irastorza. « Nos patients savent que nous leur fournissons de l’aide s’ils en ont besoin, et cela fait toute la différence. »
Le Dr Ruiz-Irastorza réitère que même si les cliniciens ne sont pas des psychiatres, ils doivent tout de même reconnaître si un patient présente des symptômes d’une maladie mentale.
« Pas seulement pour le traitement technique, mais aussi pour comprendre comment ils se sentent », a-t-il déclaré.
Le Dr Ruiz-Irastorza a participé à une étude Pisa qui a déterminé que les patients atteints de maladies rhumatismales préféraient parler moins de leur maladie et plus de leur vie avec leurs cliniciens. C’est quelque chose qui l’a accompagné tout au long de sa carrière, souligne le Dr Ruiz-Irastorza.
« Si nous reconnaissons la santé mentale et que nous nous y attaquons, le lupus s’améliorera également. »
Dr Jorge Sanchez-Guerrero – Canada
Le lupus étant une maladie qui affecte les principaux organes, le cerveau ne fait pas exception. Le Dr Jorge Sanchez-Guerrero, rhumatologue à la clinique du lupus du Réseau universitaire de santé et à l’Hôpital Toronto Western, a expliqué que la maladie peut se manifester et avoir un impact sur le cerveau de nombreuses façons, comme le lupus neuropsychiatrique (NPSLE), qui peut causer des symptômes psychotiques comme des hallucinations et des délires.
Une étude réalisée en 2011 par J Clin Psychiatry a révélé que des symptômes psychiatriques sont présents chez la majorité des patients atteints de LED. La dépression (jusqu’à 39 % des patients) et le dysfonctionnement cognitif (jusqu’à 80 %) sont les manifestations psychiatriques les plus courantes.
Intégration de la santé mentale dans le traitement du lupus
Partout dans le monde, il est de plus en plus reconnu que la santé mentale est indissociable de la santé physique, et les pays introduisent le dépistage de la santé mentale en rhumatologie, élargissent la recherche et mettent l’accent sur des approches plus centrées sur le patient.
Pour le Dr Knight, le Dr Ruiz-Irastorza et le Dr Sanchez-Guerrero, la santé mentale doit être incluse dans la conversation lors du traitement d’un patient atteint de lupus, en plus de fournir des ressources en santé mentale.